Extrait de l'introduction
NOTAIRE, PROFESSION À RISQUES, MAIS PAS SEULEMENT
Le métier de notaire, qui s'exerce depuis si longtemps dans les pays de droit romano-civiliste, reste profondément méconnu, même si chacun de nous, un jour, a recours aux conseils de cet officier public. Et, contrairement à la croyance commune, ce métier n'est pas sans risques...
Il est d'ailleurs d'autant plus difficile à exercer que, en raison de la qualité des assurances professionnelles des responsabilités inhérentes à cette profession, les juges ont souvent tendance à indemniser le faible. Et ne pouvant condamner en droit le défendeur, ils condamnent donc le notaire pour défaut de conseil.
Or, celui qu'on appellera ici le «médecin de l'argent», contrairement au chirurgien esthétique tenu à une obligation de résultat, n'est tenu, lui, qu'à une obligation de moyens.
Il est bon de préciser d'emblée que, d'après les statistiques nationales, sur mille actes traités par le notariat, un seul fait l'objet d'un litige, et que sur cent dossiers de procédure, cinq seulement établissent une erreur du notaire.
Ô combien de professionnels, combien de conseillers,
Qui sont partis joyeux traiter d'épais dossiers,
Aimeraient s'honorer d'aussi beaux résultats !
Mais on ne le dira jamais assez : si le notaire doit tout savoir concernant la loi, il est également tenu d'être extrêmement vigilant, pour ne pas dire devin, quant à la moralité de ses clients et de ses clientes. Ce qui, vous en conviendrez, est difficile à déceler au seul vu d'un visage et d'une volonté d'achat ou de vente. Et ce, déontologie oblige, bien évidemment sans pouvoir recourir au flair d'un détective privé, d'un médecin, ou d'un profileur établissant le portrait psychologique du futur client ! Le notaire ne dispose que des documents d'usage préparés à son attention. Et, bien entendu, de son propre jugement.
Il faut savoir qu'il est parfois dangereux d'assurer une transaction immobilière qui peut être le paravent d'un bien mal acquis.
L'air honnête, la montre de marque et les références bancaires du client ne vous laisseront rien supposer de ses coupables activités. Il faut aussi garder à l'esprit que l'enregistrement de l'acte d'achat d'un coquet studio destiné en réalité à abriter les amours tarifées d'une dame qui s'est présentée à votre étude, vêtue de probité candide et d'un tailleur Dior, vous sera impitoyablement reproché.
L'habit ne fait pas le moine. Tristement banal, mais si vrai.
Bien des notaires vertueux pourraient faire état des menaces qu'ils ont subies de la part de clients lassés par les lenteurs de la procédure. D'autres, non moins dignes de foi, ont été agressés, cambriolés, ou dépouillés du bien qu'ils avaient en dépôt. Enfin, un petit nombre ont même vu leur espérance de vie brutalement raccourcie !
La profession de notaire est gouvernée par le non-dit. Il n’est pas d’usage que soient dévoilés les secrets, notamment de famille, dont cet officier assermenté est par essence, un jour ou l’autre, le dépositaire. C’est tout ce qui fait le sel de ce récit. Dossiers insolites, cas épineux, situations tragiques, voire cocasses ou touchantes y sont tour à tour dévoilés non sans humour.Le livre s’ouvre sur le parcours de l’auteur, aborde les dossiers sensibles qu’il a eu à traiter, les mésaventures de certains de ses clients où se révèle la noblesse ou la petitesse de l’âme humaine et offre une réflexion sur la profession.Dévoilant ce qui se passe dans le secret de l’office, la façon dont se déroulent les procédures, il s’attache à rendre clair ce que nous avons toujours voulu toujours savoir sur cette profession sans oser le demander.